« La suppression des places de stationnement est trop lente »
La réduction du nombre de places de stationnement prend du retard et les projets de park-sharing peinent à décoller
Vendredi 11 décembre 2020 — L’accord gouvernemental bruxellois prévoit l’objectif de supprimer en tout 65.000 places de stationnement sur voirie d’ici 2030. Un processus progressif qui devra supprimer 6500 places par an pour tenir l’objectif dans les délais. Hilde Sabbe (one.brussels) a soumis une question écrite à la Ministre Elke Van den Brandt pour s’enquérir des progrès accomplis. Il en ressort que la présente législature n’a supprimé pour l’heure que 1204 places dans la région bruxelloise et que les résultats concrets se font attendre.
Les places de stationnement en surface accaparent une énorme surface. La réponse de la Ministre Van den Brandt indique que 70 % de l’espace public bruxellois est consacré à la voiture, bien que seulement 53 % des ménages de la région disposent de leur propre voiture et que ce nombre est en diminution constante. Bruxelles a beaucoup de places de stationnement en voirie par rapport à d’autres capitales européennes : elle compte actuellement 265.000 places pour 1,1 million d’habitants. À titre de comparaison, Paris dénombre 120.000 places de stationnement en voirie pour 2,2 millions d’habitants.
Alors qu’en même temps de nombreux parkings couverts privés restent vides. Bruxelles dispose d’une offre de places de stationnement hors voirie dépassant largement la demande : d’après les dernières estimations de parking.brussels, il y aurait aujourd’hui plus de 700.000 places disponibles. Il faut parvenir à une utilisation plus rationnel de ces capacités.
La réduction du nombre de véhicules stationnés en voirie présente de nombreux avantages et ouvre de nouvelles perspectives d’amélioration de l’espace public, de la qualité de l’air et de la qualité de vie dans nos quartiers. Songeons aux box-vélo qui pourraient les remplacer, aux arbres à planter et aux surfaces à déminéraliser.
Ce processus de réduction des places en surface s’avère cependant difficile. Grâce notamment aux efforts de la législature précédente, il a été possible de supprimer 1204 places de stationnement dans le cadre de l’installation d’arceaux pour vélo. Mais c’est loin d’être suffisant pour atteindre l’objectif de 6500 places supprimées par an. D’autres places ont été supprimées pour l’aménagement de pistes cyclables provisoire COVID, comme sur les axes Beliard et Sylvain Dupuis. Bruxelles Mobilité semble pourtant ne pas avoir de calendrier précis pour ce processus et opérer projet par projet.
Pour Hilde Sabbe (one.brussels) :
« Le paysage urbain de Bruxelles se définit aujourd’hui en bonne partie par ses rangées de voitures en stationnement. Cela alors que nous avons besoin de cet espace public trop rare pour servir d’autres fonctions. Imaginons des voies de bus, des pistes cyclables ou des trottoirs plus larges, ou encore à installer davantage de verdure et d’arbres le long de la voirie. D’où l’objectif de ce gouvernement de supprimer de nombreuses places de stationnement. Malheureusement, l’objectif de 6500 places par an semble difficile à tenir. Il faut accélérer le rythme et mieux planifier la suites des travaux. Ne pas avancer projet par projet, mais suivant une vue d’ensemble pour toute la Région. »
Les riverains demandent souvent une compensation à la suppression des places de stationnement en surface. Ceux qui ont une voiture veulent continuer à pouvoir se garer. La Région veut donc compenser une partie des places supprimée au moyen de park-sharing : arriver à une meilleure utilisation des parkings disponibles d’entreprises, centres commerciaux, écoles et terrains privés qui restent vides après les heures de travail. Des études ont été réalisées sur cette question. Douze études relatives au park-sharing sont finalisées et huit autres sont en cours.
Parking.brussels espère pouvoir conclure en 2021 les négociations portant sur trois sites. Mais on recherche également d’autres endroits : 35 sites rentrent en ligne de compte pour des parkings dédiés aux véhicules des navetteurs et 54 autres pour les véhicules des Bruxellois. Une prospection approfondie de ces sites doit encore être organisée. Les résultats concrets ne sont pas encore disponibles et on ignore encore quand ils le seront.
L’agence parking.brussels s’est fixé l’objectif de développer au moins deux projets (ou 200 places) et à lancer cinq études chaque année. Des résultats ont déjà pu être obtenus à Koekelberg. Le projet Comenius de la VGC a permis la création de 80 places pour les riverains.
Pour Hilde Sabbe (one.brussels) :
« Offrir des alternatives n’est pas toujours évident et il s’avère que le park-sharing est difficile à mettre en œuvre. Chercher des sites, négocier avec les propriétaires de parkings vides, impliquer les riverains et les communes... Tout cela prend beaucoup de temps. Et il ne faut pas non plus oublier que le stationnement est très bon marché à Bruxelles si l’on compare à d’autres villes. À Amsterdam ou Paris, les tarifs plus élevés permettent d’avoir moins de voitures en ville. Des prix de stationnement bas attirent plus de voitures. Une deuxième carte de stationnement coûte souvent à peine plus cher que la première. Cela va à l’encontre de l’ambition de l’accord de majorité pour la réduction du nombre de voitures en stationnement dans le paysage bruxellois. »